Alors que la Covid-19 a conduit à une pénurie mondiale de semi-conducteurs, la filière automobile voit sa production très perturbée, en France et, plus largement, dans toute l’Europe.
Qu’est-ce qui a provoqué cette crise des semi-conducteurs ? Ces puces électroniques vont-elles venir à manquer durablement ?
Un semi-conducteur : À quoi ça sert ?
Quel est le point commun entre un iPhone 12, le dernier SUV hybride et l’avion de combat européen du futur (SCAF) ? Le semi-conducteur : un composant électronique puissant et complexe qui permet de les produire. Sans ces quelques millimètres de silicium et de technologie, il est impossible de faire circuler les informations à l’intérieur de ces appareils.
Qui produit et fournit ces puces électroniques ?
Les semi-conducteurs sont fabriqués par différents types d’entreprises. Alors que certaines (Samsung, Intel, SK Hynix, Micron) les conçoivent et fabriquent dans leurs propres usines, d’autres, comme Qualcomm (fournisseur d’Apple), les conçoivent et commercialisent mais sont « fabless ». Autrement dit, elles sous-traitent leur fabrication à des sociétés de fonderie (TSMC le géant taïwanais et leader mondial du marché par exemple). Actuellement, 80 % des semi-conducteurs sont produits en Asie, majoritairement à Taïwan et en Corée du Sud.
Comment s’explique cette crise des semi-conducteurs ?
Crise sanitaire, boom de la demande en matériel électronique, quasi-monopole de Taïwan… Plusieurs raisons sont à l’origine de la crise des semi-conducteurs subie par les industriels européens et français. Elle tient en grande partie à une forte hausse de la demande en matériel informatique (smartphones, tablettes, ordinateurs, consoles, etc.), liée aux multiples confinements et à la généralisation du télétravail. Selon l’association WSTS, le marché mondial des circuits intégrés micro et nanoélectroniques a bondi de près de 40 % en 10 ans, atteignant 439 milliards de dollars en 2020. Il pourrait même connaître une croissance de +10,9 % en 2021.
Cette pénurie repose également sur la structure instable de cette industrie basée sur un produit ayant une durée de vie plutôt courte, impliquant des enjeux de compétences et d’innovations. Les capacités de production n’arrivent donc plus à s’adapter face à cette demande qui a explosé, impactant ainsi toutes les industries utilisatrices de semi-conducteurs, à commencer par l’automobile qui est bloquée dans sa production et qui tourne au ralenti.
Des conséquences lourdes et immédiates sur l’industrie automobile
Les fabricants préfèrent fournir en priorité les secteurs de l’informatique, les serveurs ou les télécoms, beaucoup plus rentables pour eux. Avec un manque à gagner estimé à plusieurs milliards d’euros, cette pénurie est très préjudiciable pour les constructeurs et équipementiers automobiles qui font justement évoluer leurs produits en électrifiant leurs gammes et en augmentant leurs besoins en électronique (véhicules intelligents, conduite assistée).
Les services logistique et achat, qui importent régulièrement de la marchandise de l’étranger, sont en première ligne. Cela entraîne d’importants retards de livraison, allant de quelques semaines à plusieurs mois, ainsi que des ruptures d’approvisionnement dans bon nombre d’usines. À tel point que Peugeot, par exemple, a dû interrompre pendant 3 semaines la production de son nouveau modèle 308.
Comment l’Europe lutte-t-elle contre cette pénurie ?
Cette pénurie conduit l’Union Européenne à déployer une stratégie pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Asie et gagner en autonomie dans cette course à l’innovation.
Les leaders européens issus des grands groupes historiques Siemens, Thomson et Philips existent :
- L’allemand Infineon Technologies ;
- Le franco-italien STMicroelectronics ;
- Le néerlandais NXP.
Cependant, à l’heure actuelle les puces « Made in Europe » pèsent un peu moins de 10 % des semi-conducteurs consommés en Europe. Le reste est importé d’Asie et des États-Unis.
Pour assurer sa souveraineté technologique, notamment face aux États-Unis et à la Chine, l’Union Européenne s’est fixée pour objectif de produire 20 % des circuits intégrés dans le monde d’ici 2030, soit deux fois plus qu’actuellement. Comment ? Grâce à un plan d’investissement ambitieux, combinant diversification des approvisionnements et soutien au développement local, qui pourrait atteindre 30 milliards d’euros. Une réaction salutaire mais qui ne fournit pas de solution immédiate.
La pénurie des semi-conducteurs est-elle appelée à durer ?
Alors que la pénurie aura encore des impacts en 2022 et même en 2023, la guerre des semi-conducteurs ne fait que commencer.
Afin de ne pas stopper leurs lignes de production ou leurs sorties de nouveaux modèles, les constructeurs et équipementiers vont devoir jouer d’agilité ces 2 prochaines années pour mettre en place des flux supply chain réactifs capables de faire face à des pénuries de composants en provenance d’Asie.
À propos de l’auteur :
Air Time Critical® est un commissionnaire de transport européen spécialisé dans les transports aériens urgents depuis l’Asie vers la France et l’Europe. En première ligne lors de la crise des semi-conducteurs et du canal de Suez, Air Time Critical® a permis à ses clients français et européens de sécuriser leurs approvisionnements de pièces essentielles depuis Taiwan, Singapour, le Japon ou la Chine par voie aérienne. Des solutions spécialisées telles que le NFO / transport aérien prioritaire permettent aux clients d’ATC d’économiser entre 1 à 5 jours sur les délais de livraison porte-à-porte par rapport à du fret aérien express classique en cette période d’incertitude. Pour en savoir plus, explorez nos solutions de livraison d’urgence ou contactez nos équipes.